L'ami Mélenchon, décidément très en forme ces derniers temps, se lance dans une nouvelle croisade aux allures de putaclic: demander la destitution d'Emmanuel Macron. Il n'est pas le seul à fantasmer à ce sujet, et nombreux sont ceux qui s'excitent à cette idée, dans l'ignorance la plus totale du fonctionnement de nos institutions. Remettons les pendules à l'heure, voulez-vous? Il est temps de se pencher sur ce que dit notre Constitution, et en particulier l'Article 68:
Au niveau juridique: le Président de la République peut effectivement être destitué en cas de "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat". Il ne s'agit pas d'un simple désaccord sur une réforme, un mode de gouvernance, mais de choses bien plus graves, comme par exemple la haute trahison.
La procédure peut être engagée par l'une ou l'autre des deux Assemblées (Assemblée Nationale et Sénat), et il faut une proposition signée par au moins un dixième des membres de l'Assemblée concernée.
Ensuite, la proposition doit être adoptée par une majorité des deux tiers des membres de l'Assemblée l'ayant déposée. Si c'est adopté, l'autre Chambre doit alors voter à son tour dans les mêmes conditions.
Si les deux assemblées sont d'accord après ce premier vote, elle vont se constituer en Haute Cour, composée de tous les parlementaires. Cette Haute Cour décide alors de la destitution, toujours à la majorité des deux tiers.
Comme vous le voyez, la destitution est hautement improbable, sauf en cas de crise politique si énorme qu'elle génère un consensus global. Faudrait vraiment que Macron foute le feu à l'Elysée avec la Constitution dedans, où qu'il demande à Poutine d'envahir la France avant qu'il ne soit destitué. Bref, çà arrivera quand les poules auront des mandats.
Le fait de se baser sur un fond de vérité pour générer le buzz est une méthode que Mélenchon connaît bien. Sauf que non, il ne suffit pas d'un dixième des membres d'une des deux Chambres pour virer Macron. C'est juste une illusion entretenue par beaucoup de gens par méconnaissance de la Constitution, et reprise à son compte par la Méluche pour se faire mousser.
Commentaires
Je crois que je t'ai donné mon avis par ailleurs mais de toute manière on est d'accord. Je reviens sur un aspect de ton mail que je n'avais pas abordé : la procédure de destitution est bien faite en cas de faute grave du Président, par pour des raisons de politique politicienne.
En outre, le président est élu dans un cadre précis : le destituer est une entorse à la démocratie (elle ne doit pas être confondue avec la révocation d'un élu "de base"). Chez LFI (et d'autres partis), ils aiment bien s'asseoir sur la démocratie, ils continuent d'ailleurs à dire que la gauche a gagné les dernières législatives en oubliant qu'il revient au président de la république de nommer le premier ministre.
En effet, à la LFI la démocratie est une notion à géométrie variable.
C'est marrant, je venais sur ton blog pour copier le lien de ton Harakiri pour mettre dans le billet que j'écris. Je parlais ce matin avec mon kiné de destitution.
Je pense comme vous que LFI a une vision de la démocratie particulière. S'ils pouvaient prendre les armes pour prendre le pouvoir comme un hamas, ils le feraient.
Mon kiné me disait sa détestation de Mélenchon mais que la destitution serait bien, plutôt qu'une démission qui serait "honorable". Je lui disais que rien ne justifiait une destition : Macron est nul, arrogant, opportuniste, insupportable, mais ça ne mérite pas une destitution.
Enfin, c'est bientôt fini.
Merci pour tes liens! Je n'irais pas jusqu'à comparer la LFI au Hamas, mais Mélenchon flatte dans le sens du poil un public qui lui les trouve sympa, et çà c'est évidemment une ligne rouge absolue pour moi.
J'ai en tête depuis un bon moment une analyse de fond sur le centrisme radical (que les gens appellent pour l'instant "macronisme"), et qui est bel et bien une idéologie qui dans pas mal de pays donne lieu à des partis de gouvernement stables. Je ne crois pas que cela corresponde à l'ADN politique français...enfin bon, faudra attendre que j'écrive ce billet pour voir ce que j'en pense ;-)
Une démission, tu y crois toi? Moi pas, c'est pas dans le caractère de Macron de se coucher, mais évidemment je ne suis pas dans sa tête alors va savoir quelle dinguerie il peut sortir de son chapeau. Et puis franchement, est-ce que ce serait aussi bon pour le pays que ce que certaines personnes pensent? Par qui le remplacer qui aurait les épaules assez solides si des élections présidentielles se tenaient maintenant? J'ai des doutes, les gens sont même fichus d'élire ce petit coq de Bardella.