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  • Lecornu 2, l'épée lige.

    ChatGPT Image 11 oct. 2025, 11_38_08.png

    Hier ou avant-hier, je ne sais plus trop, mais en tout cas avant que Sébastien Lecornu ne soit re-nommé premier ministre, j'avais commenté sur le sujet - et sur le ton de la rigolade - chez Nicolas et Falconhill. Chez le premier, qui proposait des scénarios sur le thème "qui va se retrouver à Matignon", je balançais l'idée saugrenue que Lecornu pourrait très bien être remis en selle. Je le disais en plaisantant à moitié et en taxant cette idée de possible cornichonnerie, histoire de ne pas avoir l'air complètement hors sol. Et chez Falconhill, je commentais sur notre fatigue républicaine mutuelle, et me disais que soit Macron mijotait une de ses surprises du chef, soit il était devenu complètement couillon. 

    Et bam, Lecornu a été reconduit à Matignon. C'est, pour la majorité des gens, qu'ils soient politiciens, journalistes ou simples quidams, le choc et la sidération. Personnellement, je ne suis ni choquée, ni sidérée, et je vais vous expliquer pourquoi.

    Quittons, si vous le voulez bien, le domaine de l'analyse logique et de la prédiction. Je vous emmène avec moi sur le plan du repérage des signaux faibles, et de l'observation toute scientifique des réactions d'un système institutionnel mis sous tension.

    La première chose qui m'a fait tiquer est Lecornu lui-même, lorsqu'il s'est décrit comme un moine-soldat. Peu de gens se sont attardés à analyser cette métaphore pourtant, dans la bouche d'un ancien Ministre des Armées, elle est lourde de sens. Un moine soldat c'est un Templier, un Croisé, un Zélote, un Samourai. Il a juré sur sa foi de combattre, et rien ne le détournera de ce but. C'est l'homme lige médiéval, une personne entièrement dédiée à un seigneur, une foi ou une cause, qui a "juré son épée" en un serment qui ne saurait être rompu. En employant le terme moine-soldat, Lecornu aurait tout aussi bien pu nous dire "je suis le bras armé du Président". Indice numéro un.

    Ensuite, Lecornu a déclaré: "j'ai terminé ma mission". Tout le monde y a vu une parenthèse qui se referme définitivement, alors que tout ce qu'il voulait dire était probablement: "j'ai terminé la mission qui constituait un ultime déminage afin de trouver un consensus, et maintenant je suis aux ordres, dans l'attente d'une nouvelle mission". S'il avait dit: "mon rôle est terminé", la signification aurait été bien différente...mais il a juste terminé une mission. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas lui en confier d'autres. Indice numéro deux.

    Plus troublant encore: celui qui a d'abord déclaré ne plus vouloir être premier ministre a subtilement modifié sa communication et nous dit à présent: "je ne cours pas après le job". Traduction, je ne l'exclus plus. Indice numéro trois.

    Je crois que ce gars-là sait très bien ce qu'il fait, et joue à la note près la partition écrite pour lui. J'attends bien sûr de voir le temps que çà prendra pour former un gouvernement, la déclaration de politique générale, et si un projet de budget sera présenté dans les temps, à savoir ce lundi.

    ChatGPT Image 10 oct. 2025, 23_03_06.png

    Je n'ai pas le moindre doute que ce gouvernement risque d'être censuré rapidement. Et c'est là que je repense à cette théorie farfelue de gouvernement zombie qui avait attiré mon attention il y a quelques jours. Je vous invite à relire ce billet avant de continuer avec la suite de mes élucubrations. Il suffirait que le gouvernement tombe, que Lecornu re-démissionne, et qu'il soit re-re-nommé premier ministre, et voici notre gouvernement zombie en affaires courantes, qui ne peut plus être à nouveau censuré. La menace de censure que certains brandissaient est devenue aussi efficace qu'un pistolet à bouchon. Je me souviens d'une anecdote lue hier avant la réunion à l'Elysée des présidents de parti et de groupe, dans le but probable de chercher un consensus entre les factions opposées à la dissolution. Les noms m'échappent, mais un participant disait à l'autre avant la réunion: "mais qu'est-ce qu'il nous veut", en parlant vraisemblablement du Président. Et son interlocuteur de répondre, renfrogné: "il va nous baiser". Petite musique prémonitoire.

    Mais pourquoi, si ce scénario était inéluctable, ne pas avoir directement laissé Lecornu démissionnaire à la tête de son équipe sortante il y a quelques jours au lieu de générer un tel psychodrame. Je n'en sais rien, mais la maxime diviser pour régner s'applique, et certains maillons faibles on sauté, comme Retailleau qui s'est auto-éjecté de l'équation gouvernementale en prenant des postures de diva intransigeante. LR sont au bord de l'implosion, tiraillés entre Waucquiez et Retailleau. Certains masques sont également tombés, comme ceux d'Edouard Philippe et Gabriel Attal, fort pressés d'élaborer un peu hâtivement des scénarios parricides à la Brutus. Et la peur de la dissolution, lame tout à fait prête à sortir du fourreau, terrorise probablement bon nombre de députés, particulièrement au Centre qui se ferait absolument laminer en cas de législatives. Tout ce petit monde va peut-être continuer à comploter en sourdine, mais va peut être, et même probablement, se soumettre.

    Tiens, Gabriel Attal. Je ne lui ai pas encore taillé de costard, à celui-là. Sa dernière déclaration en date est qu'il faut savoir partager le pouvoir. Pauvre garçon! Jacques Chirac le disait en 1995, le pouvoir ne se partage pas. Il s'exerce, et s'il se disperse il se dilue. Monsieur Attal représente un courant de pensée qui me crispe, et qui estime qu'il faut s'en aller à la première tempête, et que s'accrocher au pouvoir est une tare et un manque d'humilité. Cette mentalité est bien digne de notre siècle, où on préfère la facilité à la résilience, et où on voit en cette dernière un entêtement, une tare, une faute. Eh bien non. Quand une tempête s'annonce, le capitaine reste à la barre et fait face, quels que soient les coups qu'il se prend dans la tronche. Et si on a fait des conneries en donnant le cap, on reste pour essayer d'y trouver des solutions, on ne cavale pas comme un pleutre hors de la ligne de feu. Non, mon pauvre Gabriel, nous n'avons visiblement pas la même vision de la responsabilité et de l'exercice du pouvoir, tu n'as aucune verticalité en toi. Tu vois dans la reculade une vertu souhaitable...mais c'est, comme le disait Nietzche, une vertu qui rend petit.

    Je me suis écartée de l'analyse de la situation présente en y préférant une observation des signaux faibles qui rendaient un scénario Lecornu 2 plausible. Le présent reste évidemment fort confus. Les tenants et aboutissants de cette crise politique ne sont pas clairs, et je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Un mieux, une stabilisation, une dégringolade? Il n'y a pas grand chose à faire à part observer et attendre. Pour ma part je m'installe pour observer en sociologue de comptoir les réactions outrées qui ne manqueront pas de se faire entendre. Hululements d'hostilité sur X, vociférations mélenchonistes et lepénistes, chute dans les sondages de popularité. Choc et sidération face à un retournement de situation que beaucoup ne croyaient pas possible. Je vais donc vous laisser pour le moment, je m'installe pour suivre la situation avec grand intérêt.

    Oh, juste un dernier mot. Tout ce que je viens de vous dire n'est peut-être qu'une sur-analyse qui n'a guère plus de valeur que du pipi de chat. Peut-être que je me trompe lourdement, et vois dès modèles stratégiques là où il n'y a que chaos et incompétence. La manoeuvre Lecornu 2 est-elle un jeu d'échecs ou les derniers soubresauts d'un exécutif à l'agonie? Je ne sais pas. L'avenir nous le dira.

    Vous me direz allez Juliette, arrête de te tortiller en prenant des airs mystérieux, tu kiffes cette nomination ou pas? Ben oui, je lui trouve un certain charme. Oui, je sais, cette remarque me vaudra des grincements de dents et des oeillades courroucées. Peu importe, çà va très bien se passer, tenir le fort sur des opinions impopulaires, c'est une spécialité de la maison. Bisous quand même!

     

    A la revoyure,

    Juliette Evola.

     

  • Zut à la fin!

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    Voilà une matinée qui tourne au vinaigre: non seulement le gouvernement Lecornu a implosé en vol quelques heures après sa formation, mais mon confrère Nicolas se met en grève, car les évènements se succèdent de façon tellement rapide que les billets qu'il écrit deviennent obsolètes avant même d'être publiés. C'est mon cas aussi. Hier j'avais veillé assez tard pour écrire ce que je pensais du nouveau gouvernement dans un billet à publier ce matin après relecture, mais pouf, tout part en sucette. 

    Je décide donc de débrayer à mon tour et de prendre quelques distances avec l'écriture de billets politiques. Il est peut être enfin temps que je vous parle des derniers livres que j'ai lu, ou de mon amour pour le Science-Fiction, l'Heroic Fantasy et les jeux de rôles.

    Je ne sais pas combien de temps cette résolution tiendra. Peut être pas plus longtemps que le gouvernement Lecornu. Une des principales raisons pour lesquelles je n'ai pas envie d'élaborer sur la situation est que le ralbol provoqué par le spectacle piteux de notre classe politique additionné à une désillusion sarcastique croissante me ferait probablement dire des choses qui dépassent ma pensée et flirtent avec un certain populisme. Je ne suis pas immunisée contre ce phénomène, et même si mes barrières éthiques montent une garde vigilante, il y a des moments où le Côté Obscur de la Force me chatouille un peu le cerveau.

    Bien. Il ne reste plus à Macron que de nommer son chien Nemo premier ministre. Dans la Rome antique, un cheval avait bien été nommé consul. Bon, voilà que je recommence...tais-toi Juliette, et va boire une tisane.

     

    A la revoyure,

    Juliette Evola.

  • Lecornu à la sauce belge et gouvernement zombie.

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    Il ne faut pas être sondeur ou politologue pour se rendre compte qu'un léger (?) vent d'irritation souffle sur l'opinion française quant à un gouvernement qui n'a toujours pas montré le bout de son nez, presque un mois après l'accession d'Emmanuel Macron...euhh je veux dire de Sébastien Lecornu à Matignon. Pour l'expat vivant à Bruxelles que je suis, force est de constater que le karma semble prendre sa revanche sur les blagues sur les frites et l'accent belge dont certains Français sont friands: la France est bel et bien embourbée dans un scénario à la Belge: une fracture de l'échiquier politique en blocs qui peinent à trouver un consensus afin de former une majorité ou, au minimum, d'éviter la censure.

    Les concertations menées par Lecornu sont elles aussi très "belges": le premier ministre consulte d'abord toutes les parties en présence en vue de former un gouvernement, et le cap ne sera donné qu'ensuite. Cette méthode inhabituelle agace en France, où nous ne sommes pas habitués à un tel flou artistique. Lecornu a jeté quelques miettes de ci, de là, mais le plat de résistance tarde à être servi. Sa dernière déclaration est qu'il renoncera à l'emploi du 49.3 pour faire passer la pilule en cas de blocage...mouais. Pour une fois, je suis d'accord avec la Méluche, qui estime que c'est des salades. Comme qui dirait, les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

    Je ne vais pas détailler l'exercice de grand écart auquel Lecornu se livre, ni ses perspectives de réussite, et encore moins les probabilités très élevées de censure qui va lui tomber dessus comme la vérole sur le bas clergé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Mais j'aimerais vous parler d'un article lu récemment dans la section abonnés du Figaro, et qui a attiré mon attention sur une bizarrerie constitutionnelle.

    Je n'ai pas l'habitude de publier des résumés d'articles de presse mais, cet article étant réservé aux abonnés, je vais pour une fois déroger à cette règle, puis vous faire mes commentaires. Je tiens à préciser qu'il s'agit ici d'un petit jeu intellectuel qui reste du domaine de la théorie, je ne prétends pas que les faits exposés constituent une solution viable au blocage institutionnel actuel. Allons-y, retournons nous le cerveau. Les données issues de l'article sont en italique, et mes commentaires sont en texte normal.

    Voyez-vous, la Constitution ne fixe aucun délai pour ce qui est de la formation d'un gouvernement. Le gouvernement démissionnaire actuel pourrait-il donc théoriquement être maintenu jusqu'aux présidentielles de 2027? Vous me direz immédiatement qu'il y a un hic, et que les textes budgétaires doivent être présentés au Parlement pour la mi-octobre. Et pour ce faire, il faut un gouvernement de plein exercice, non?

    Pas exactement, et il y a une astuce: au nom de la continuité de l'Etat, la Constitution prévoit qu'un "budget d'urgence" puisse être mis sur pied par ordonnance, et ce que le gouvernement soit démissionnaire ou non.

    Comment çà marche? L'adoption d'un budget dépend non seulement de la Constitution mais aussi de la LOLF (Loi Organique relative aux lois de Finance), qui est une sorte de "Constitution financière" qui encadre le budget de l'Etat.

    L'Article 39 de la Constitution et l'Article 38 de la LOLF exigent que le projet de loi des finances soit proposé à l'Assemblée Nationale à la mi-octobre. Celle-ci a alors 40 jours pour adopter le texte en première lecture, s'il n'y a pas d'adoption  le gouvernement saisit le Sénat qui a 15 jours pour statuer. Et le Parlement a 70 jours au total pour adopter le budget complet.

    En cas de dépôt tardif du projet de loi des finances, l'Article 47.3 de la Constitution entre en jeu et un dispositif d'urgence est prévu: les dispositions de ce projet de loi peuvent être activées par ordonnance. Le gouvernement, qu'il soit démissionnaire ou en exercice, va demander au Parlement d'ouvrir par décrets les crédits provisoires nécessaires à la continuité du fonctionnement des services publics en attendant qu'un budget soit finalisé.

    On voit donc qu'un "budget d'urgence" peut être adopté par un gouvernement démissionnaire. Mais un tel gouvernement peut-il être censuré? Non, un gouvernement déjà démissionnaire ne peut pas être à nouveau renversé par les députés: on ne peut pas tuer ce qui est déjà mort. C'est, en quelque sorte, un gouvernement zombie. Et une motion de censure vise le gouvernement en tant qu'organe, et non le premier ministre. Et même renversé, ce dernier pourrait être immédiatement remis en place par le Président. Et cette fois, il y a un précédent: en 1962, Pompidou avait été immédiatement re-nommé premier ministre par de Gaulle après avoir été censuré.

    Nous voyons donc qu'il y a des failles constitutionnelles qui permettraient en théorie de maintenir indéfiniment Sébastien Lecornu et un gouvernement démissionnaire en affaires courantes jusqu'à la prochaine élection présidentielle. Cela rendrait "irrenversable" le premier ministre et son équipe sortante.

    Ceci étant, est-ce parce que c'est possible que c'est souhaitable? Un gouvernement éternellement en affaires courantes ne pourrait pas faire de réformes de fond ni poser aucun acte qui engagerait durablement un gouvernement futur. Et pour ce qui est de sa légitimité politique, ce ne serait franchement pas terrible. Mais, et je vais me faire l'avocat du diable, serait-ce vraiment pire qu'un blocage total à long terme ou un boulevard ouvert au RN par une éventuelle dissolution? Je ne me prononcerai pas là dessus.

    Je conclurai en disant que parler de cette option zombie n'était qu'un exercice intellectuel qui m'a permis d'aller trifouiller dans la Constitution (j'aime bien çà), et pas nécessairement quelque chose que je considère comme un scénario qui pourrait se concrétiser.

    Quoique...bien sûr la Belgique n'est pas la France, mais les Belges jouent régulièrement à ce genre de jeu depuis bien des années

     

    A la revoyure,

    Juliette Evola

     

  • Ces guerres qui n'intéressent personne.

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    Je n'ai pas regardé le discours du Président proclamant la reconnaissance d'un Etat palestinien à la tribune du Machin hier soir. Oui, le Machin, c'est ainsi que de Gaulle appelait l'ONU. Je ne tenais pas à m'infliger ce spectacle désolant, et j'ai déjà dit tout le mal que j'en pensais ici. Mais j'ai lu ce discours ce matin.

    En fait, je n'ai réellement retenu qu'une phrase: "Une vie vaut une vie".

    Voilà qui ferait un beau sujet de dissertation. Je crains fort que, du point de vue philosphique, je ne puisse partager ce bel élan universaliste et humaniste digne de Kant. Je lui ai toujours préféré Aristote et Nietzche, et non, toutes les vies ne se valent pas à mes yeux. Mais je ne veux pas m'égarer dans un de mes habituels hors sujets.

    Partons donc du principe qu'une vie vaut une vie. C'est une bonne nouvelle pour toutes les victimes de ces conflits oubliés dont presque personne ne parle, n'est-ce pas?

    Si une vie vaut une vie, nous devrions voir fleurir des pamphlets contre la guerre civile éternelle en République "Démocratique" du Congo, le nettoyage ethnique du peuple Karen au Myanmar (Birmanie), la famine entraînée par la guerre au Soudan, la stérilisation forcée des Oïgours en Chine, les massacres de chrétiens au Nigéria au mains des milices islamistes et bien d'autres conflits encore. Nous devrions voir apparaître moultes protestations, manifestations, élans de colère populaire et discours ampoulés à la tribune du Machin, dans un grand élan "humaniste" semblable à celui réservé au sort des populations gazaouies prises en étau entre le Hamas et l'armée israélienne.

    Mais je sais fort bien que cela ne sera pas le cas. Il n'y aura ni manifestations, ni protestations, ni beaux discours enrobés de moraline. Car le constat est cruel: les indignations de l'Occident sont sélectives. Il y a une gradation dans la douleur. Peu importe que des villages entiers soient rayés de la carte et que les locaux crèvent de faim en République "Démocratique" du Congo, au Yémen ou au Myanmar, que le viol et les mutilations y soient perpétrés comme arme de guerre, ou que les gouvernements chinois et éthiopiens conduisent une épuration ethnique et culturelle assumée de leurs minorités: ni la presse ni la rue ne monteront au créneau. Par contre, dès qu'il s'agit d'Israël et de la Palestine, tout le monde pète un câble. C'est la Rolls Royce de l'indignation!

    Donc non, ce qu'il fallait démontrer: en pratique, une vie ne vaut pas une vie aux yeux du public et de ceux de nos dirigeants. Des populations entières sont frappées de plein fouet pas la guerre, loin des projecteurs, et tout le monde s'en fout.

    Cette gradation sélective dans la souffrance m'est insupportable. Surtout quand elle s'accompagne de la ritournelle de certains membres d'un "Camp du Bien" auto-proclamé, avec ses indignations à géométrie variable, ses silences calculés, ses récupérations politiques odieuses, et les petits kits de "prêt-à-penser" que ces belles âmes essaient de nous faire avaler. 

     

    A la revoyure,

    Juliette Evola.

  • Reconnaissance de la Palestine: j'écris à Macron.

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    Ce 22 septembre, le Président Macron et quelques autres gugusses canadiens, belges, luxembourgeois, portugais, australiens et britanniques monteront à la tribune de l'ONU afin de reconnaître un Etat palestinien. Cet acte symbolique, qui ne changera rien sur le terrain, me met dans une colère noire. Je m'étais jurée de ne pas aborder ce conflit dans ce blog, car je ne suis pas capable de le faire de manière rationnelle. J'ai en effet perdu une amie dans ce conflit, le sang a coulé, et plus jamais je ne pourrai être objective.

    Reste donc la colère. Un psychologue clinicien m'a dit un jour que le fait de la matérialiser sous forme écrite aidait à évacuer l'adrénaline et à revenir à un mode de pensée plus apaisé et rationnel. L'écriture étant ma forme privilégiée d'expression (d'où ce blog), il est devenu évident que j'allais user de ce moyen pour vider le gros abcès que j'ai dans l'estomac.

    Ce n'est pas la première fois que j'écris à un élu lorsqu'une décision entre en conflit avec mes valeurs racines. Et peu importe que le destinataire de la lettre ne la lira pas et qu'elle se perdra dans les dossiers de ses équipes de communication. Le geste est profondément libérateur, et c'est là mon but: me libérer d'une colère qui me ronge.

    Ecrire cette lettre fut un véritable travail sur moi-même. Le premier jet était un bouillon de rage brute, émaillé de noms d'oiseaux fort peu aimables. Il a fallu cinq jours pour en faire une missive civilisée. Je vous livre donc ici la lettre que je viens d'envoyer par voie électronique à la Présidence de la République. Avec mon vrai nom, toutes mes coordonnées, tout le bazar. Peu me chaut que Macron la lise jamais, mais c'est un acte cathartique qui m'a fait le plus grand bien.

    Des modèles de lettres adressées aux autorités, au Président, ou encore pour rédiger des Procédures Opérationnelles Standard conformes à votre domaine professionnel d'activité, peuvent être trouvés sur des sites comme [SCRIBD]. Je me suis basée sur un de ces modèles pour écrire la lettre qui suit.

    A la revoyure,

    Juliette Evola.

     

    La lettre:

    Monsieur le Président de la République,

    Je me permets, en tant que citoyenne française, d’exercer mon droit démocratique de vous adresser mes préoccupations concernant la reconnaissance par la France d’un État palestinien, annoncée pour le 22 septembre lors de l'Assemblée Générale des Nations Unies à New York.

    Je tiens à exprimer mon inquiétude et mon profond désaccord quant à une telle décision, prise sans conditions préalables indispensables, telles que le démantèlement du Hamas ou la libération des otages israéliens. La proximité de cette annonce avec le souvenir encore brûlant du massacre du 7 octobre 2023 me semble particulièrement malheureuse et de nature à envoyer un message de faiblesse face au terrorisme.

    Vous n’ignorez pas, Monsieur le Président, que si l’on peut critiquer certains aspects de la riposte israélienne à Gaza, Israël reste néanmoins la seule démocratie parlementaire de la région. Depuis les accords d’Oslo, cet État a proposé à maintes reprises des accords en vue d’une solution à deux États, mais toutes ces initiatives ont été rejetées par les représentants palestiniens. Il est donc très regrettable que des factions terroristes puissent aujourd’hui interpréter la reconnaissance d’un État palestinien à l’ONU comme une victoire, renforçant leur position au détriment de la paix véritable.

    Je suis bien consciente que, simple citoyenne, je n’ai pas accès à toutes les données du jeu diplomatique. J’ose espérer que cette décision s’inscrit dans une stratégie qui, à terme, servira les intérêts de la France et contribuera réellement à la stabilité au Proche-Orient. Mais je redoute qu’elle ne traduise plutôt une certaine naïveté de l’Occident face à la mentalité des extrémistes palestiniens.

    Mon grand-père a combattu dans les rangs de la Légion étrangère contre le nazisme. Il est devenu Français par le sang versé. C’est au nom de cet héritage, et de la mémoire de ceux qui se sont battus pour défendre nos valeurs, que je me sens tenue de vous faire part de ma révolte devant ce qui m’apparaît comme une concession faite aux ennemis de la démocratie.

    Avec tout le respect dû à votre fonction, je vous prie de considérer la voix d’une citoyenne profondément attachée à la sécurité de la France, à la vérité historique, et à l’exigence de fermeté face à ceux qui refusent la paix.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.