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bardella

  • Macron démission = Bardella le voilà?

    macron,bardella,démissionJouons un peu avec l'hypothèse que voilà: patatras, Macron démissionne! Je n'y crois pas trop, il n'est pas du genre à se coucher, mais d'un autre côté il y a une seule certitude avec lui: l'inattendu va se produire. Donc, pourquoi ne pas envisager cette possibilité juste pour le plaisir de se triturer les méninges? Pas mal de gens fantasment là-dessus, estimant que c'est la seule manière de sauver la France des griffes du pire monarque que la cinquième galaxie ait jamais connu (disent ils). Comme si une démission allait tout changer par miracle! Mais il y aurait des conséquences, et je doute que ceux qui ne voient les choses qu'à court terme les aient envisagées. Sauf les partisans du Rassemblement National, et on va y revenir.

    Donc voilà, séisme en direct sur toutes les chaînes télé: Macron annonce sa démission. Que se passe t-il dans l'immédiat? L'article 7 de la Constitution prévoit que le Président du Sénat - actuellement Gérard Larcher - assure l'intérim jusqu'à la tenue d'élections anticipées endéans le 20 à 35 jours. Ses pouvoirs sont cependant limités: il ne peut pas dissoudre l'Assemblée Nationale, modifier la constitution ou tenir un référendum. Il assure le service minimum jusqu'à l'élection du nouveau Président.

    Ce serait évidemment un choc politique majeur ouvrant une période d'incertitude encore plus grande que celle que nous vivons actuellement. Je ne sais pas trop comment la Bourse réagirait à cette nouvelle, je ne suis pas assez douée dans ce domaine pour faire des prédictions.

    Quels sont les équilibres politiques qui vont se recomposer à court ou moyen terme? L'ex-camp présidentiel, Renaissance et ses alliés, va se faire dégommer comme à l'exercice aux législatives qui suivront, payant cher l'usure tant institutionnelle (instabilité politique, premiers ministres jetables...) que populaire (défiance vis-à-vis d'un exécutif fort impopulaire). Macron n'a pas formé de successeur, quelqu'un comme Edouard Philippe pourrait tenter de reprendre le flambeau mais bon, toute personne issue de la macronie traînera forcément derrière elle une aura négative de par sa proximité avec l'ex-Président, déjà pas très populaire et qui en plus vient de se barrer. Vae Victis donc.

    La gauche? Entre ceux qui veulent se raccrocher au basques de la LFI et ceux qui ne le veulent pas, elle n'a pas actuellement un cap clair et unifié. Mais le PS a repris du poil de la bête notamment en travaillant sur un budget alternatif à celui du béarnais Bayrou dont la sauce risque de tourner rapidement. Mon confrère Nicolas analyse cette situation bien mieux que moi. 

    A l'extrême-gauche, il est quasi sûr que Mélenchon va se représenter une fois de plus. Il n'est pas du genre à lâcher le morceau, même un pied dans la tombe il continuera de se bercer d'ambitions présidentielles. En outre il a récemment déclaré que la LFI ne soutiendrait aucun gouvernement à part le leur. Question ouverture d'esprit, il ne faut pas compter sur cette clique.

    La droite traditionnelle? Elle est fragmentée et Bruno Retailleau vient à peine de commencer à essayer de rassembler les pièces du puzzle.

    Et il y a le gros morceau: le Rassemblement National, qui compte tenu des sondages actuels a le vent en poupe. L'inéligibilité de Marine Le Pen propulse Jordan Bardella en première ligne.

    Tout ce petit monde va devoir sortir des candidats de son chapeau en quatrième vitesse pour cette "présidentielle express".

    Au premier tour, le RN a de bonnes chances de se retrouver en tête. Au second tour, si Bardella se retrouve face à un candidat issu de la gauche ou du bloc central, va savoir ce qui peut se passer. Je pense qu'il serait d'office favori face à un candidat issu de la macronie vu la grogne et le dégagisme anti-système actuels. Face à un candidat de gauche solide et expérimenté, beaucoup moins. Et dans les deux cas, l'effet castor du barrage républicain jouera. Issue incertaine...

    Si c'est un duel Bardella - Mélenchon, je pense que Bardella a de bonnes chances d'être élu. Un petit coq d'extrême-droite sans expérience à l'Elysée, impossible me direz-vous? Je ne veux pas être condescendante, mais je crois fermement qu'il ne faut pas sous-estimer la puissance des couillons en grand nombre. Attention, je ne méprise pas les électeurs du RN pour autant, simplement je ne crois pas que les conséquences à moyen et long terme d'un Bardella Président soient vraiment comprises. Et pour beaucoup de gens, voter est un processus plus émotionnel que réfléchi, cela fait partie de la nature humaine.

    Toujours pour le plaisir de se faire des noeuds dans le cerveau, supposons que Bardella soit élu. Que se passera t-il? L'Assemblée Nationale reste comme maintenant, composée de macronistes, plus la gauche plus Les Républicains. Cette cohabitation est ingérable, on reste dans un blocage institutionnel. Si Bardella dissout l'AN pour remédier à cela -et c'est quasi certain, il y a de grandes chances que le RN arrive en tête, et nous voilà avec un Président et un gouvernement d'extrême droite.

    Franchement, aucune de ces possibilités ne me fait envie. Et certainement pas la perspective d'ouvrir un boulevard au Rassemblement National. Donc attention à ce que vous souhaitez avec vos histoires de démission, quand même. Le proverbe dit que mieux vaut le diable qu'on connaît que l'ange qu'on ne connaît pas.

     

    A la revoyure,

    Juliette Evola