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Pensées crépusculaires.

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Vivons-nous une crise politique, voire même une crise de régime? Peut-être. Et peut-être que c'est bien pire. Je me dois de jouer les Cassandre, mais du corps de notre démocratie s'élève une odeur bien reconnaissable: celle de la gangrène, celle d'une décomposition voilée mais tangible. La classe politique n'est plus un orchestre qui joue parfois des notes discordantes, c'est un ramassis d'individus incapables de jouer autre chose que leur propre partition, sans se soucier des voisins. On s'exclut mutuellement, on rejette la moindre concession, l'intérêt particulier et la psycho-rigidité politique remplacent le bien commun.

Du haut de leurs quelques misérables pourcents aux dernières législatives, des roitelets s'agitent, s'imaginant faiseurs de rois. Ils exigent leurs trophées, rêvent d'une bonne assiette de soupe malgré leurs gesticulations outrées. Ils agitent leurs conditions comme autant de tabous non négociables. Ce n'est qu'un bal de petites gens frustrés et ambitieux, l'oeil braqué sur la présidentielle de 2027. 

Certains, par clientélisme mortifère, s'associent à ce que nos sociétés ont produit de pire au siècle dernier: l'antisémitisme, la théocratie, la haine de l'opposant politique. Et une partie de la vielle Gauche, la vraie, celle qui est respectable, chipote en hésitant à demander un divorce net avec ceux qui agissent de la sorte. Ne se rendent-ils pas compte qu'il s'agit d'un repoussoir absolu pour certains? Pour ma part je n'oublierai pas le spectacle lamentable du président d'un parti démocratique appelant à hisser le drapeau palestinien au fronton de nos mairies.

Puis il y a ceux qui tremblent devant la menace de l'extrême-drouââte. Je suppose qu'ils ne se rendent pas compte que c'est leur manque de colonne vertébrale et leurs compromissions qui ont poussé bon nombre d'électeurs à émettre un vote coup de poing, un vote de sanction, un vote de refus. Les partis traditionnels feraient bien de faire leur examen de conscience et de se regarder dans la glace: peut-être arriveraient-ils à la conclusion que ce sont leurs propres indigences qui sont à l'origine de cette situation

Ensuite viennent les tenants de la pensée iPhone. Mais oui, vous savez bien, ceux qui se ruent sur l'achat d'un nouveau modèle dès que le précédent ne leur plaît plus trop. Je fais référence, bien sûr, aux zozos qui appellent à la démission du Président. Il faut avoir bien peu de recul pour imaginer que si Macron partait, du jour au lendemain tout irait mieux. Ah bon? Il y a un rayon chez IKEA qui propose un homme providentiel en kit qui va tout résoudre d'un claquement de doigts? C'est risible. Que Monsieur Toulmonde pense ainsi par colère et ras-le-bol, c'est une chose. Mais que des politiques chevronnés comme ce dépendeur d'andouilles d'Edouard Philippe tiennent le même discours...je lève les yeux au ciel. Ces gens-là veulent tuer le père, phénomène courant en politique, mais ils ne proposent aucune solution alternative. 

N'oublions pas les doctes paroles de ceux qui disent qu'un paysage politique fracturé en trois blocs ne peut conduire à aucune majorité viable. Tous nos voisins arrivent à former des gouvernements de coalition, mais pas nous, dieu nous en préserve (rictus sarcastique). Et après on va pleurer quand on se fait traiter de Gaulois réfractaires. Mais je me marre! C'est pas réfractaire au changement et au compromis qu'il faut dire: on est carrément dans des schémas psychorigides aux conséquences mortifères.

Car pendant ce temps, la situation économique s'aggrave, et je ne parle même pas de l'image de la France à l'étranger. Les agences de notation et les instances européennes aussi nous surveillent: un pays incapable de se stabiliser politiquement et économiquement va, plus tôt que tard, s'attirer leur foudres. Et les marchés financiers observent, calculent, et un beau jour ils sanctionnent, n'ayez aucun doute là-dessus.

Nouvelle marotte: suspendre la réforme des retraites pour lâcher un demi-susucre à la Gauche. La belle affaire. Nous sommes dans un pays où plus de gens meurent qu'ils ne naissent, une pyramide démographique vieillissante. Refuser de prendre en compte ce vieillissement de la population et la nécessité, certes douloureuses, de toucher à la vache sacrée de l'âge de la pension, c'est une fuite en avant budgétaire.

Une nouvelle dissolution? Elle ne changerait pas grand chose au fractionnement de l'échiquier politique, même si le Centre s'effondre (ce qu'il fera) et que le RN progresse (ce qu'il fera aussi). 

Le mal institutionnel français n'est pas uniquement celui de Macron (qui n'est pas pour autant blanc bleu dans l'affaire), c'est celui d'une génération de politiques incapables de négocier, de former une coalition, de faire un programme et de gouverner. Et oui, cette immaturité politique et démocratique cause des foyers de gangrène. Le moment n'est pas bien loin où beaucoup de gens, épuisés et dégoûtés de leur classe politique, rêveront en secret d'un dirigeant au geste fort, tranchant et brutal. Vous verrez.

 

A la revoyure,

Juliette Evola.

Commentaires

  • Y'a au moins une chose sur laquelle on n'est pas d'accord, c'est la réforme des retraites (commençons par filer du boulot aux jeunes et aux séniors et après on pourra réfléchir, mais ce n'est pas le sujet du débat).

  • Peut-être. Cà se discute entre gens sensés. J'aurais franchement préféré que tu me démontres que j'ai peur de mon ombre pour tout le reste de ce billet, car même si mon exaspération a fait que j'y ai peut-être mis un peu trop de pathos, je crois que j'ai raison de me désoler de l'ambiance actuelle.

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